Education

L’apprentissage autrement

« L’apprentissage autrement »

En ce moins de juin, et suite à la conférence de Sophie Rabhi à laquelle j’ai assisté la semaine dernière, je me pose ces questions « Comment répondre aux besoins des enfants ? » « Comment donner envie aux enfants d’apprendre » « Que faire/dire/penser si mon enfant rate un apprentissage ? » « Comment aider mon enfant en tant que parent ? »

Les mots «  examens, bilans, révisions, contrôles » sont au centre des discussions dans bien des milieux en cette fin d’année scolaire.

En tant que parent, je découvre cette période bien stressante au travers de mon 8 ans qui rentre en « session de bilans » dès cette semaine, et ce pour 8 jours.

En tant qu’institutrice, après avoir revu la matière dans tous les sens, je plonge mes élèves dans une période de bilans sans être convaincue de ce que je leur impose.

L’éducation traditionnelle :

Je suis issue d’une éducation familiale et scolaire des plus traditionnelles. Les enfants doivent obéir aux adultes, qu’ils soient nos parents ou nos enseignants. Je dois faire mieux que les autres qui m’entourent. Je dois être la meilleure.

Ainsi, les habitudes ordinaires s’installent, sans qu’on en ait conscience et je reproduis ce schéma dans ma famille et avec mes élèves. De génération en génération, nous nous conditionnons à ce mode d’éducation sans le remettre en question.

Mais un constat s’impose, avec une telle méthode nous fonctionnons dans un schéma de dominant/dominé. L’être humain, qui ne nait pas mauvais, rentre ainsi dans une sorte de dualité où la violence s’installe sans qu’on comprenne puisqu’il y a un combat intérieur pour savoir qui va dominer.

Nous, jour après jour, en tant que parents, éducateurs… nous cherchons pourtant à réduire la violence qui entoure nos enfants. Et si nous réfléchissions au sens de notre histoire et que nous nous posions les bonnes questions pour permettre à nos enfants de retrouver leur enthousiasme, sans équivalence entre le statut de chacun ?

Communication non violente

« De cette façon, en satisfaisant tes besoins, tu pourras t’épanouir en tant que personne et moi de même. Nous créerons ainsi une relation où chacun pourra devenir ce qu’il est capable d’être. Et nous pourrons poursuivre notre relation dans le respect et l’amour mutuel et dans la paix. » Thomas Gordon.

Conçu par le docteur Marshall Rosenberg, la Communication Non Violente (CNV) est un chemin de conscience et de transformation ; un véritable art de vivre inspiré par les principes de non-violence de Gandhi.

« Ce monde est ce que nous en avons fait. S’il est sans pitié aujourd’hui, c’est parce que nous l’avons rendu impitoyable par nos comportements. Nous ne pouvons changer le monde que si nous changeons nous-même, et cela commence par notre langage et notre façon de communiquer ». Gandhi

La communication non violente, nous permet de nous reconnecter à nous-mêmes : à nos émotions, notre ressenti et nos aspirations profondes … Être en lien avec soi est le préalable indispensable à l’établissement d’un lien sain et d’une connexion empathique avec l’autre.

Ainsi un besoin non-satisfait ou une émotion non-écoutée pourraient être à l’origine de cette violence éducative ordinaire que nous prônons par habitude.Il existe une autre façon de dire les choses dans la gestion de ses propres émotions et dans le respect de chacun. Des outils merveilleux existent : la roue des émotions, les jeux de cartes « l’expression des besoins » et « le langage des émotions ».

On peut également se baser sur « la girafe et le chacal » qui met en avant les 4 temps de la communication non violante : observer sans juger, exprimer ses sentiments sans interpréter, parler de ses besoins sans passer tout de suite aux stratégies, demander ce dont on a besoin sans l’exiger.

Creuser au fond de soi pour retrouver son enfant intérieur, celui qui ose s’exprimer car c’est dans la nature de l’être humain, dès son plus jeune âge, d’exprimer un besoin.

Sauf, que plus nous grandissons, moins nous écoutons. Le nouveau-né s’exprime et le parent l’écoute. Mais dès la petite enfance, l’enfant rentre dans un système pré-définit, cloisonné avec l’injonction d’apprendre au détriment des besoins émotionnels.

Ne faudrait-il pas se mettre à la même hauteur que l’enfant, supprimer cette dualité de dominant/dominé pour n’être que des être humains équivalents ? Enlever les obstacles incohérents que nous plaçons sur notre route pour revenir à plus d’humanité, d’écoute, d’empathie, de bienveillance, d’égalité, d’enthousiasme.

Apprendre des choses que je ne veux pas, c’est me faire violence. Ne pourrions-nous pas nous mettre en connexion avec nos passions, nos vocations, notre être ?!

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » Nelson Mandela

Les apprentissages autonomes

La nature de l’enfant fonctionne par le jeu. Le jeu est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa passion, c’est sa vie.

Maria Montessori, médecin et pédagogue, nous explique que l’enfant n’aime pas paresser, ni gaspiller son temps à faire des choses inutiles, ni errer sans but. L’enfant, dès son plus jeune âge, est intrigué par ce qui l’entoure et teste par essais-erreurs pour apprendre à découvrir le monde.

Malheureusement, même en dehors des murs de l’école, les enfants ont rarement l’occasion de jouer et d’explorer leur environnement sans être sous surveillance permanente. Lorsque les portes de l’école se referment, l’enfant doit faire face à des activités imposées par le rythme de la famille, aux devoirs scolaires, aux réprimandes des parents sur le bruit, le manque d’ordre, … En les contrôlant de l’extérieur, nous empêchons cruellement nos enfants de développer leur « contrôle interne ». Cette situation a pour conséquence d’alimenter l’anxiété des enfants, qui considèrent la vie uniquement comme une série de problèmes. Ajouté à cela des besoins non-assouvis et nous créons un monde de violence.

« Le jeu est l’occupation la plus sérieuse de l’enfant ; la plus frivole étant l’éducation ». Albert Brie

Ainsi, pour aider les enfants à grandir dans ce monde en perpétuel changement, nous devons faire confiance à leur capacité de s’instruire et de se développer.

Nous devons favoriser la confiance en soi, l’autonomie, tout en permettant à l’enfant d’évoluer à son propre rythme et en toute liberté que ce soit en milieu scolaire ou en milieu familial.

Malheureusement, le principal obstacle à donner plus de chance à l’avenir, c’est nous-même. Chaque jour, je le vis en tant que maman et en tant qu’institutrice…. Je dois sortir de mon schéma traditionnel. Je dois faire confiance en mes enfants et accepter de ne pas savoir de quoi sera fait demain. Je dois laisser la liberté prendre le dessus et lâcher prise.

La bienveillance :

J’ai souvent entendu dire que libérer le potentiel de l’enfant en le laissant en autonomie, c’était n’importe quoi. Mais bien au contraire, ce n’est pas abandonner l’enfant à lui-même pour qu’il fasse ce qu’il veut, mais c’est lui préparer un milieu où il puisse agir librement. Nous devons laisser nos enfants grandir à leur rythme, sans les sur-stimuler car, nous adulte, nous avons peur de l’avenir. Nous devons éviter de comparer nos enfants pour être certains qu’ils soient dans la norme. Tout cela est inutile, cela les épuise et cela nous épuise. « Simplement » accompagnons nos enfants pour les laisser s’envoler librement.

Catherine Gueguen, pédiatre, va dans le même sens que Maria Montessori en expliquant qu’un enfant se mobilise toujours pour ce qui l’intéresse, ce qui le motive, ce qui lui paraît juste. Et dès tout-petit, quand on le contraint, il proteste. Donc ayons confiance en nos enfants et entourons les de toute notre bienveillance.

Etre bienveillant ce définit comme porter un regard aimant, compréhensif et sans jugement. Etre avec, d’égal à égal, accompagner sans dominer.

En conclusion :

Depuis longtemps, je me pose 1000 questions sur l’éducation et l’apprentissage (et je m’en poserai encore certainement longtemps…). Je me renseigne, je lis et j’écoute.

Lors de ma formation en portage physiologique, j’ai fait la magnifique rencontre de Magali, une maman de 4 enfants, passionnée par ses enfants et cette liberté qu’on leur accorde pour apprendre. Elle m’a longuement parlé de l’instruction en famille, qu’elle vit avec avec eux.

Lors de la conférence, Sophie Rabhi nous a longuement parlé de son école démocratique en Ardèche, qui prône et encourage ces mêmes apprentissages autonomes. Il est en de même à l’école démocratique de l’Orneau, plus proche de chez nous, à Gembloux.

Je ne veux pas choisir, conseiller ou me positionner face à ces enseignements. Mais, j’ai écouté, j’ai lu de nombreux articles, de magnifiques témoignages et je pense que laisser plus de liberté dans les apprentissages de nos petites têtes blondes, tout en étant là pour eux, est bénéfique.

Lors de mes recherches, j’ai trouvé plusieurs outils permettant aux jeunes enfants d’exprimer leurs émotions et leurs besoins. J’ai également renforcé mon idée qu’on apprend bien mieux en jouant (… et je continuerai à jouer avec mes élèves).

Et si mon enfant rate ? Rater quoi ? Le potentiel d’un être humain ne s’évalue pas sur des résultats scolaires. Plein d’enfant ayant été à l’école « Sudbury Valley » ont fait de belles carrières professionnelles à l’âge adulte.

Alors laissons le temps à nos enfants, ils ont toutes les compétences nécessaires en eux.

Je veux apprendre, malgré mes craintes, à faire confiance à mes enfants et à ma façon de les accompagner au quotidien. Je veux apprendre, malgré mon héritage traditionnel, à accorder plus d’autonomie aux élèves qui me sont confiés. Je veux privilégier l’expression des émotions et décoder les émotions.

Un enfant bien dans sa tête, bien dans son coeur, bien accompagné…

est capable de tout !

 

Bibliographie

  • Ecole démocratique de l’Orneau:

http://ecoledemocratique-orneau.be

  • Outils pour communiquer :

https://lautrementdit.net/page/aboutus

http://www.fcppf.be/portfolio/items/lexpression-des-besoins/

http://www.fcppf.be/portfolio/items/le-langage-des-emotions/

  • Sophie Rahbi : « La ferme des enfants » :

https://www.youtube.com/watch?v=QMM_5S2NnkA

http://la-ferme-des-enfants.com

  • Sudbury Valley :

https://www.youtube.com/watch?v=Mi59UJYV9jU

  • Communication non violente/bienveillance

http://www.delphinebardon.com/methode-gordon/thomas-gordon.html

http://cnv-apprentiegirafe.blogspot.com/2015/12/non.html?spref=pi

https://sites.google.com/site/lanawhacfo/quand-la-girafe-danse-avec-le-chacal-les-quatre-te-79122329

http://apprendreaeduquer.fr/catherine-gueguen-pediatre-bienveillance-fondamentale/

https://www.kaizen-magazine.com/video/catherine-gueguen-la-relation-empathique-pour-eduquer-a-la-joie/

  • Peter Gray :

http://education-creative.com/blog/?p=11920

  • Pédagogie Montessori :

http://www.alternative-montessori.com/par-ou-commencer-montessori/

http://www.famille-epanouie.fr/methode-montessori/

https://decouvrir-montessori.com/quest-ce-que-la-pedagogie-montessori/